Less is more

Si le courant décroissant a pu, à une époque, rencontrer un écho en moi, force est de reconnaître que cet écho était très lointain.

Je mesure la relativité de mon engagement d’alors, qui devait se résumer peu ou prou à installer un composteur dans le jardin et à réfléchir à la question des couches jetables.

Lle composteur est toujours dans le jardin à la Guilde, j’y déverse depuis des années les épluchures et autres déchets alimentaires, qui se sédimentent, sans que je n’aie jamais eu besoin de vider ledit composteur (je n’ai  pas davantage imaginé me servir du supposé compost pour enrichir mes cultures, d’ailleurs) : une réussite, donc.

Quant aux couches jetables, l’idée a sans doute fait son chemin dans ma tête, mais elle n’est jamais arrivée à destination : Un échec.

Mais lorsqu’on vit dans la Black City, on se trouve précipité dans la décroissance malgré soi, et dans des proportions sans nuance : Les économies d’eau et d’énergie ne se font pas sur la base du volontarisme, elles s’imposent à nous.

La semaine dernière, en raison d’une panne de la pompe, nous avons vécu 6 jours sans eau dans la maison ; nous ne disposions que d’un seau à plonger dans notre cuve ( 10 000 litres, creusée sous le garage, je rappelle- heureusement elle était pleine- ) pour nous laver, faire la vaisselle, remplir la chasse d’eau, et tout ce qu’on peut imaginer faire avec de l’eau. Il est bien évident qu’à ce rythme-là, le niveau de la cuve a baissé bien moins vite que d’habitude.

Voici une photo, que j’espère parlante, de la situation : à droite au fond, dans sa cage rouge, le compresseur en arrêt maladie ; au premier plan, la cuve servant de puits, ouverte ; sur la gauche, le seau.

Et voici une photo poignante d’une scène très habituelle ici, celle de la douche décroissante :

 Des individus sales, un seau d'eau froide: what else?

Lorsqu’un plombier a enfin résolu notre problème, nous n’avons eu qu’une soirée pour savourer le retour de l’eau courante, avant de sombrer dès le lendemain dans une bonne vieille panne de courant au long cours, nous privant donc à la fois de l’eau et de l’électricité.

Il ne faudrait pas croire, cependant, que ce soit gagné dans cette région du globe pour la COP 21, que les populations soient génétiquement dotées d’une conscience écologique hors pair : au contraire, pour ceux qui récoltent les fruits du développement en cours, rien n’est plus urgent que de brancher la climatisation à fond (à la maison et dans la voiture) et de s’acheter un énorme 4X4 V8, du haut duquel ils balancent toutes leurs ordures dans le sable ! C’est qu’ils ont des années de consumérisme à rattraper ! L a pollution est bien évidemment la dernière de leurs préoccupations.

Mais pour nous, tiraillés par notre mauvaise conscience d’occidentaux s’autoflagellant au nom de nos crimes écologiques, c’est une petite part d’absolution à bon compte que nous offre ce chapelet de pannes dans les réseaux.

Comments

[Rudolf Diesel]

Je ne comprends rien à cet article. Je ne ressens pour ma part aucune culpabilité. J'envisage avec sérénité une hausse des températures de 2, 3, 4 ou même 5 degrés dans les années qui viennent tant que le pétrole coule à flots et permet de faire tourner la climatisation en permanence tout en nourrissant de puissants V8 glougloutant.