Lucille et P12 prennent le train

2 décembre 2009

Dans un souci de développement durable, j'ai décidé, autant que faire se pourrait, de privilégier les déplacements en train plutôt qu'en voiture, lors des courts séjours; lors des courts séjours uniquement, car en train, côté bagages, c'est plutôt limité: si l'on considère que je n'ai que deux bras, lesquels transportent déjà un enfant en bas-âge et un chat, on comprend vite qu'à part un sac à dos, je ne peux pas me permettre d'emporter grand-chose.

J'ai profité d'un we dans les Landes pour tester ce nouveau mode de transport: samedi matin, j'ai donc déposé ma voiture au parcotrain de Chatellerault, direction Dax, avec un changement à Poitiers. Ce changement ne devait m'occasionner que 52 mn d'attente, mais ce sont au final 2H que nous avons passées, Lulu, P12 et moi, au café de la gare..bravo la SNCF!

Voici donc (photo) Lulu,installée dans une chaise haute appartenant au café de la gare de Poitiers, et P12, dans sa cage, par terre.

Lorsque nous sommes enfin montés à bord du second TGV, et que nous avons trouvé la place que le hasard des RESA nous avait attribuée, j'ai immédiatement remarqué la mine un peu déconfite de mes voisins de "compartiment": ben oui, lorsqu'on n'est plus de première jeunesse, et que l'on voyage dans le calme feutré de la 1ère classe, on ne doit pas appeler de ses voeux le débarquement d'une voisine munie des 2 appareils à déjections et cris perçants potentiels que constituent un chat et un bébé. Alors pour les mettre à l'aise, je leur ai dit: "je vous promets que la prochaine fois, je prendrai ma voiture". Et ça a instantanément détendu l'atmosphère. Ils n'ont rien dit quand, faute de place par terre, j'ai installé P12 sur la tablette qui nous servait de table commune, et comme Lulu a pris soin de leur adresser sourire sur sourire avant de sombrer dans un sommeil de plomb, nos relations finirent au beau fixe!

Le trajet de retour fut encore mieux: déjà, aucun retard ne fut à déplorer, et nous n'eumes que très peu d'attente lors du changement. Dans le TGV entre Bordeaux et Chatellerault, nous avions une "place isolée" (comprendre, pas coincée entre 3 personnes inconnues), dont le vis-à-vis (la place d'en face) était inoccupé; je pouvais donc tenter de laisser Lulu sur un siège, et me mettre en face, P12 entre nous, par terre. J'ai pris une photo:voici donc Lulu, souriant bêtement, en mordillant une bouteille d'eau.

Mais à Libourne, alors que j'avais repris ma place officielle, avec Lulu sur les genoux, la dame qui venait de monter m'a demandé, en désignant le siège face à moi: "cette place est-elle libre? je n'ai rien contre les bébés ni les chats". On se serait cru dans un film de Lelouch. Et pour cause: Anouk Aimée, car c'était elle, s'est donc installée face à nous. Je suis restée très professionnelle; je lui ai juste demandé si c'était bien elle, elle a acquiescé, et nous sommes passées à autre chose: elle a insisté pour poser P12 sur la tablette entre nous, soutenant qu'il serait moins stressé en nous voyant qu'en restant à ras de terre; elle m'a ensuite confié être passionnée de chats et en avoir eu jusqu'à 20 en même temps. Puis elle m'a indiqué voyager avec "d'autres", qui avaient un bébé de l'âge de Lucille; elle est même allée les chercher, un peu plus loin dans le train, pour leur présenter "la dame qui voyage seule avec un chat et un bébé"! Et les "autres" sont donc venus: il s'agissait ce coup-ci d'Elie Chouraqui, de sa femme, et de leur fils Solal, qui fit donc connaissance avec Lulu. En observant P12, ils se se sont exclamés qu'il ressemblait à leur propre chat;ils ont bien évidemment voulu savoir pourquoi P12 s'appelait P12, et j'ai donc du leur expliquer que je travaillais pour le fisc, ce qui revient à peu près à se tirer une balle dans le pied lorsqu'on cherche à se faire de nouveaux amis, hein! Puis nous avons parlé portage en écharpe, chaussons bobux, adaptation des bébés à la crèche..Je suis restée d'un naturel qui m'a moi-même étonnée, parlant avec eux comme s'il s'était agi de contribuables lambda...A l'arrivée à Chatellerault, me voyant installer Lulu dans l'écharpe, puis enfiler mon blouson et mon sac à dos, Anouk Aimée s'est exclamée: "mais attendez, on a vous aider!". Et ce fut donc Elie Chouraqui qui s'est emparé de P12, le portant jusque sur le quai, craignant que je ne m'affale lamentablement en descendant du train, chargée comme un bourricot. La classe.

Je crois que nous reprendrons le train.

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