Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la guilde du lieudit l'effe
23 octobre 2008

L'accouchement 3ème

Il est quand même temps que je termine le récit de l'accouchement, avant d'avoir tout oublié!

J'en étais donc au moment où la sage-femme (SF) était partie appeler l'anesthésiste afin qu'il me posât la péridurale: elle comptait lui annoncer que j'étais dilatée à 3 alors que je n'étais qu'à 1.5, pieu mensonge visant à abréger mes souffrances.

Il était pratiquement 2h du matin.

A son retour dans la chambre 319, la SF était flanquée d'une auxiliaire de puériculture (AP) et d'un fauteuil roulant; devant mon insistance, elles m'ont autorisée à rallier la salle d'accouchement en marchant, et non dans le fauteuil. Naturellement, cela a pris un temps fou, je devais me cramponner à la barre du mur lors de chaque contraction.

Arrivée en salle d'accouchement, la SF m'a attaché les cheveux (je n'étais même plus capable de le faire moi-même!) et affublée d'une charlotte (ça, même si j'en avais été capable, j'aurais refusé de le faire moi-même, bordel..); elle m'a examinée et, à sa grande surprise, la dilatation avait atteint les 4, lors de cette laborieuse traversée du couloir.

L'anesthésiste et son infirmière sont arrivés; ils ne m'ont même pas dit bonjour, mais je peux les comprendre, avec la touche que je devais me tenir grâce à la charlotte! La SF m'a fait asseoir sur le côté du lit, le dos tourné à l'anesthésiste; et là, j'ai flippé grave; je redoutais cette pose de péridurale comme pas possible, ayant été traumatisée par la taille ahurissante de la seringue et de l'aiguille , lors d'un reportage télé vu des années auparavant...je n'ai jamais pour autant envisagé de refuser la péridurale, mais il n'empêche, j'étais morte de trouille. La SF, qui le savait (que j'avais peur), me regardait d'un air hyper rassurant, ce qui me flanquait encore plus les grelots. Et là, miracle, je n'ai absolument pas eu mal! je n'ai même rien senti !! j'ai tout de même vomi mes carottes râpée du samedi midi, mais c'était vraiment pour marquer le coup.

Au bout de 10 mn, les contractions ne faisaient plus mal; comme avec la morphine, sauf que là, je restais lucide.

Je me suis alors retrouvée seule dans la salle d'accouchement, la SF et l'AP étant retourné vaquer à leurs occupations (? j'étais la seule "cliente" de la maternité); selon la SF, il y en avait pour un long moment avant que je n'arrive à dilatation complète, et elle estimait que la naissance n'aurait pas lieu avant 10h du matin; cela n'arrangeait pas mes affaires, étant donné que j'étais déjà tenaillée par la faim, et que je savais devoir attendre 2h après la naissance avant d'avoir le droit de manger.

Vers 4h j'ai entendu "paf", et je me suis retrouvé inondée: la poche des eaux. J'ai sonné, la SF et l'AP ont épongé...

Moins de deux heures après, j'ai rappelé la SF, sûre de mon fait: elle n'a pu que constater, qu'en effet, j'étais dilatée au maximum. La "descente du bébé" était amorcée.A partir de ce moment, la SF et l'AP ne m'ont plus quittée, et on a attendu que Lucille arrive. Je me rappelle qu'à un moment, elles m'ont fait toucher sa tête avec mes doigts, après m'avoir dit "on voit ses cheveux!!"; c'est ensuite que ça s'est compliqué, quand elles ont commencé à me demander de "pousser": n'ayant rien compris à la procédure lors des cours de préparation à l'accouchement, je n'ai pas été efficace du tout; sans compter que, puisque tout s'était passé tout seul jusqu'alors, je ne voyais pas pourquoi je me serais mise à bosser si proche de la fin!

Finalement, à 7h pétantes, Lucille était là: la SF l'a attrapée par le colback (c'est l'image que je m'en fais) et l'a posée , hurlante, sur moi. L'AP l'a grossièrement essuyée avec un drap (de toute façon, elle n'était pas du tout dégueu ni pleine de sang comme je me l'étais imaginé), et j'ai pu observer ma fille: déjà, j'ai vérifié que c'était bien une fille, puis j'ai eu la bonne surprise de la trouver jolie! je l'ai même fait remarquer à la SF et aux AP (l'équipe de jour venait d'arriver), leur disant "et en plus, elle est même pas moche!!"

Lucille est donc née à 7h pile. Et à 7h05, le téléphone a sonné dans la salle d'accouchement: c'était ma mère qui, n'ayant pas de nouvelles depuis son appel de 21H30 , auquel j'avais mis fin précipitamment en concluant "je te rappelle", commençait à se demander si je n'avais pas passé l'arme à gauche! Elle n'en revenait pas de tomber juste au moment où Lucille venait de naître! Elle a donc eu confirmation qu'il était temps de boucler les valises et de se mettre en route vers la White City pour venir voir la tronche de la gamine!

L'expulsion du placenta (ce fameux placenta..) s'est faite comme une lettre à la poste, et durant les deux heures réglementaires pendant lesquelles j'ai du rester en salle d'accouchement, j'ai pu, outre observer la gosse sous toutes les coutures, donner les renseignements dont la SF avait besoin pour le carnet de santé et l'état civil.

Lorsqu'elle m'a demandé si c'était une tradition familiale que de donner aux filles le deuxième prénom de "Marguerite" , je lui ai répondu que c'était juste une tradition chez les amateurs de Marguerite Duras; je n'ai pas osé lui dire qu'elle avait échappé de peu à Alain en 3ème prénom,et que seule la lecture horrifiée de "la jalousie" l'en avait préservée, parce que l'AP était en train d'emballer mon placenta dans des sacs plastiques, et j'ai alors jugé que je passais déjà assez pour une timbrée sans en rajouter une couche.

J'ai finalement patienté jusqu'à 9H30 avant de pouvoir regagner la chambre 319 (en fauteuil roulant, là...), prendre un petit déjeuner (enfin!!!) et faire la première photo de Lucille:

009

Publicité
Publicité
Commentaires
8
Tout ça ne m'aide pas à savoir si je dois vendre la vieille mercedes, la vieille volvo ou les deux. Mais c'est quand même un récit touchant, surtout en pleine crise d'héliotropisme.
la guilde du lieudit l'effe
Publicité
Derniers commentaires
Publicité