J’ai un souvenir très précis de ma première lecture du "　Rouge et le noir　"　: J’étais en 4^ème et mes efforts de concentration sur cette édition de poche à couverture orange étaient fortement perturbés en raison de la solide infection urinaire qui me tirait violemment sur les côtelettes à cette période. Pour résumer le sentiment qui prévalut alors, je dirais que j’ai trouvé　ce livre "　atrocement chiant　".

J’ai relu ce livre en 1^ère, lors de la phase de lecture frénétique d’une brochette des "　classiques　" que l’on se devait d’ingurgiter dans les sections littéraires. On voit bien là la marque d’une époque　: j’imagine que maintenant, un élève en filière littéraire peut sereinement se présenter au bac de français en ayant tout juste parcouru "　Oui-Oui et le tambourin magique　". Toujours est-il que lors de cette deuxième lecture, l’exercice me parut moins fastidieux. Mais j’étais alors plus âgée et habituée à ce style d’écriture.

Aujourd’hui que je ne lis que les auteurs qui me plaisent, revenir à Stendhal demande une gymnastique non négligeable, mais sans commune mesure avec celle que nécessiterait une relecture du révoltant Michel Butor. On peut se poser la question suivante　: "　mais pourquoi diable se faire chier à relire "　le rouge et le noir　" à 40 ans, alors que le bac de français est bouclé depuis la nuit des temps　?　?　". La faute à l’Institut Français. Dans la Black city, pas moyen de commander des livres sur amazon, pas de librairie ou de FNAC non plus. On s’en remet donc à la "　bibliothèque　" de l’Institut. Et en parcourant les rayons, j’ai été prise de nostalgie devant "　Le Rouge et le Noir　". Voilà pourquoi, bordel.

Il faut certes s’accrocher quand on relit ce texte alors qu’on baigne depuis des années dans du Bret Easton Ellis, du Houellebecq, du William Boyd , Jonathan Coe ou David Lodge, mais c’est largement jouable. Tout repose en fait sur la concentration　: Si une infection urinaire est facteur de distraction (je n’ai pas de photo d’illustration disponible), la surveillance sur une plage de deux enfants en bas âge l’est aussi, comme en témoigne la photo ci-dessous. C’est ce qui explique sans doute la lenteur de ma lecture (après 10 jours sur le dossier "　Le rouge et le noir　", Julien Sorel n’est pas encore parti pour Besançon　!).

Chartreuse et jambon de Parme

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