Au pays des tsunamis

Le lundi 19 novembre, nous avons quitté Singapour, pour un endroit que l'on peut qualifier d'"idéal-type à la Eugen Weber de la destination rêvée de vacances pour plouc moyen".

Après 1h40 de vol particulièrement éprouvant sur la low coast "Tiger airways" (je n'avais pas pris de xanax et ça remuait particulièrement dans le grand oiseau de fer), nous avons repris pied sur le plancher des vaches maigres à Krabi airport. Le passage de la douane nous a pris un temps fou, nous étions crevés (il était 22h30); l'avion ayant eu du retard nous nous demandions avec inquiétude si le mec censé nous attendre aurait effectivement attendu.. quand nous avons enfin récupéré nos bagages et nos passeports, ouf, il était là, brandissant un panneau sur lequel était inscrit le nom de l'épouse de "bouillon de poulet combiblast"...comme les choses sont parfois bien faites, il se trouve que je porte le même patronyme, ce qui fut bien pratique pour déterminer vers quel personnage muni d'une pancarte nous devions nous diriger en nous composant un air sympathique.

L'homme à l'anglais cahotique (ou à la compréhension malhabile de mon propre anglais) nous fit monter dans un minivan surclimatisé.Après 40 mn de trajet dans un froid sibérien, le van stoppa en plein no man's land, il faisait nuit noire et un orage tropical venait selon toute évidence de ravager les lieux..Pas plus rassurés que ça, nous avons escorté notre "guide" jusqu'au bout d'un embarcadère louche, où nous attendait une barque à peine améliorée, équipée d'un mixeur à soupe plongeant en guise de moteur. Nous primes donc place sur l'embarcation (à vrai dire, que pouvions-nous faire d'autre?), ainsi que nos valises, qui, par miracle, ne sont pas tombées à l'eau, et au bout de 15 mn à peu près de navigation, s'est posé le problème du débarquement.Sur une plage.

A notre grande surprise (je n'irai pas jusqu'à dire "amusement", car à l'heure qu'il était , avec la faim que nous nous tenions et tout le stress accumulé, nous avions un peu de mal à laisser libre cours à un quelconque "amusement"), à notre grande surprise donc, un tracteur (UN TRACTEUR!!) trainant une espèce de plateforme pour bestiaux entra dans l'eau et vint tant bien que mal se coller contre notre "bateau".

Je ne rentrerai pas dans des détails assommants, mais toujours est-il que nous avons finalement été conduits à la réception de notre hôtel, où nous attendait une dame dont l'anglais ne devait pas être la matière dans laquelle elle devait exceller à l'école (à moins que ...), qui nous indiqua notre chambre et l'impossibilité à l'heure qu'il était de trouver un restaurant ouvert..

Dépités, épuisés, affamés, nous avons avalé tous les chips du minibar avant de sombrer dans un sommeil plein de haine et de déconfiture mélangées.

Le lendemain, il faisait beau, chaud, et jour. Et nous avons découvert l'endroit où nous étions.

Il paraît que cet endroit du monde regorge de d'îles paradisiaques à visiter, que c'est le paradis de l'escalade, qu'une foule de choses à voir s'offrait à nous.

Et bien non.

Nos activités se sont bornées à :

-lire au bord de la piscine

-faire des bombes dans la piscine, nager au fond de la piscine

-ventouser la téloche devant TV5 Asie, en s'enquillant tous les chips du minibar

-essayer tous les restaurants de l'île

-et de guerre lasse, puisqu'il faut bien faire comme tout le monde, concéder quelques épisodes baignades dans la mer

parfois, un événement quelconque venait briser cette mécanique bien huilée..

Ainsi, un jour, j'ai réussi à faire un câlin à un chat thaï, qui n'en demandait pas tant.

Un autre jour, c'était mon anniversaire.On a fait une bringue de tous les diables, du pur délire. Jugez plutôt:

ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas autant amusés..on a bien du veiller jusqu'à 22h, ce jour-là..

Malgré la joie de vivre qui transpire de cette galerie de photos, force est d'avouer qu'une ombre a quelque peu obscurci notre séjour: l'abus de plats au curry atrocement pimentés a eu raison de nos estomacs. Si bien que les derniers jours, nous avons un peu perdu de notre vis comica, et que nous avons tenté de remonter la pente,en nous raccrochant à des valeurs sûres, gastronomiquement parlant..

Malgré mon air dégagé , à la période où cette photo a été prise, je devais bien me tenir une moyenne de 12 Smecta par jour, pour un résultat proche du minable.

Et ainsi que l'illustre bien la tête de Aude sur le cliché de droite, chaque repas a fini par devenir une véritable épreuve..Au point que même une inoffensive pizza nous inspirait une trouille déraisonnable ("putain, comment tu crois qu'ils font ces ***** pour conserver le fromage??")

voilà pourquoi, finalement, quand il s'est agi de quitter Krabi (re-tracteur, re-barque,re-van,re-avion anxiogène), cela n'a pas été un déchirement total.